GOAL BW – Habiter en Brabant wallon, un privilège ?

GOAL BW
Habiter en Brabant wallon,
un privilège ?

Présentation du 10 octobre 2025
à l'occasion de la matinée citoyenne à Perwez

Le 10 octobre 2025, le Groupe d’observation pour l’accès au logement en Brabant wallon (GOAL BW) prenait part à une Matinée citoyenne organisée au Foyer culturel de Perwez et invitait les participant·es à penser ensemble de nouvelles manières d’habiter et de lutter contre la précarité. Cette matinée était un moment important pour le GOAL que le RSBW envisage comme un instrument au service de l’ensemble des acteurs de la lutte contre la précarité.

Le GOAL BW est un groupe de travail réunissant le Relais social du Brabant wallon (RSBW), à l’origine du projet, le Réseau brabançon pour le droit au logement (RBDL), le Centre culturel du Brabant wallon, Habitat et Participation et le CRIbw, ainsi que des personnes concernées individuellement par la problématique ou rattachées à toute organisation interpellée par l’accès, la discrimination et la précarité au logement.

En tant qu’organe chargé de coordonner la lutte contre la grande précarité à travers la province, le Relais social du Brabant wallon est particulièrement attentif à l’enjeu de l’accès au logement. Nos équipes de terrain ainsi que les partenaires témoignent quotidiennement de la détresse vécue par les ménages les plus fragilisés pour obtenir un toit ou pour en assumer la charge financière. Le GOAL BW nous permet de mieux objectiver, de quantifier cette réalité. Il s’agit de mettre en lumière une urgence sociale parfois oubliée et d’insister sur la singularité de la situation de la province. Au-delà de cette sensibilisation, le RSBW envisage le GOAL BW comme un instrument au service de l’ensemble des acteurs de la lutte contre la précarité. Grâce à une présentation détaillée et chiffrée des spécificités de l’accès au logement en Brabant wallon, un renforcement du pouvoir d’agir de notre secteur est opéré.
Inégalités d’accès au logement

Le 10 octobre, devant un parterre composé de personnes concernées par la question du logement, Jérôme Vanstalle, notre chargé de projet et auteur de l’étude Habiter en Brabant wallon, un privilège ?, a présenté le résultat de l’analyse des données collectées sur le terrain selon trois axes :

  • Territoire – aménagement et pression foncière
  • Population – profil socio-démographique et précarité
  • Logement – offre, accessibilité et logement d’utilité publique

Jérôme Vanstalle a mis en lumière les inégalités d’accès au logement dans une province souvent perçue comme privilégiée, mais où les prix élevés, la pression foncière et le manque de logements publics rendent la situation difficile pour beaucoup. Le droit au logement en Brabant wallon se retrouve principalement affaibli par une donnée : le cout du logement. En effet, pour acheter ou pour louer, la province affiche des prix particulièrement élevés par rapport au reste de la Wallonie. L’aménagement du territoire brabançon est inégal : on observe très peu de terrains disponibles pour développer de l’habitat au centre et à l’Ouest de la province. À l’Est, plus rural, la pression foncière est plus faible. « Ceci comporte un risque de dispersion de l’habitat dans des zones plus rurales où les services sont très difficiles d’accès, ce qui induit un risque accru de précarité et de dépendance à la voiture« , soulignait Jérôme Vanstalle.

« Au sein de la population du Brabant wallon, une attention particulière doit être portée aux personnes seules et aux familles monoparentales, qui dédient une partie très importante de leur budget au logement. Or, le nombre de personnes seules est en constante augmentation en Brabant wallon. Parmi les ménages d’une personne figurent beaucoup de personnes âgées », poursuivait l’orateur qui notait que la population brabançonne vieillit plus fortement qu’ailleurs. « Ceci invite aussi à adapter l’offre de logement et l’accès aux services. Et bien que l’on construise de plus en plus d’appartements, la maison à quatre façades domine encore le parc de logements du Brabant wallon. »

« Le taux de privation matérielle et sociale sévère est en augmentation en Brabant wallon, et c’est là une exception en Wallonie. Ceci veut dire que, dans la province, de plus en plus de personnes sont incapables de se fournir les biens et services nécessaires pour vivre dans des conditions décentes. Pourtant, en termes de revenus, le Brabant wallon s’en sort mieux que le reste de la Wallonie. Ce qui pose problème est donc avant tout le cout de la vie, qui est particulièrement élevé du fait du cout du logement. »

La pauvreté touche les personnes étrangères, et surtout les étrangers non-européens (hors UE) de manière disproportionnée en Belgique. Le Brabant wallon n’échapperait pas à cette réalité, car le dénombrement du sans-abrisme effectué sur le territoire brabançon en 2022 révélait que les étrangers hors-UE étaient environ six fois plus représentés parmi les sans-abris que dans la population de la province.

Cependant, il n’y a pas de pénurie de logements en BW. Le nombre de logements est même en constante augmentation et est bien supérieur au nombre de ménages habitant la province. Il y a plutôt un manque de logements adaptés aux besoins et aux moyens de toutes et tous. Le logement d’utilité publique, qui comprend pour la majeure partie des logements sociaux gérés par des sociétés le logement de service public (SLSP), correspond à 4,58% des logements de la province (2023). Ces quelques 8 231 logements sont répartis très inéquitablement à travers la province. Pourtant, le logement d’utilité publique peut offrir une aide essentielle pour soulager les ménages les plus précarisés et prévenir lutter contre le sans-abrisme.

« Le Brabant wallon n’est pas la province où la proportion de logement social est la plus faible, mais c’est bien la province où la part de la population en attente d’un logement social est la plus grande. À l’évidence, il y a beaucoup à faire pour renforcer l’accès au logement. Mais l’accès au logement pour tous ne se limite pas à l’enjeu du logment d’utilité publique. D’autres solutions existent et doivent certainement être développées » , concluait notre chargé de projet.

À Perwez, une politique pour faciliter l’accès à un logement décent

La matinée s’est poursuivie avec la présentation par Louise D’hooge, échevine du Logement à Perwez, de l’état des lieux et des perspectives en matière de logement dans cette commune de l’Est du Brabant wallon (qui, au 1er janvier 2025, comptabilisait 9844 habitants). Conformément à l’article 187§1er du Code wallon du Logement et de l’Habitat durable, la commune de Perwez développe une politique qui vise notamment à augmenter l’offre de logement en favorisant l’accès à un logement de qualité pour tous, à renforcer la concertation entre les acteurs du logement et à poursuivre la mise en œuvre du droit à un logement décent. Le CPAS de Perwez est un acteur central en matière d’accessibilité à un logement décent. À ce jour, il gère 30 logements : 8 dont il est propriétaire, 14 logements conventionnés avec l’AIS BW, 5 logements conventionnés avec la SLSP Notre Maison et 3 logements dits « Initiatives Locales d’Accueil » (ILA). Par ailleurs, 128 logements publics sont gérés par Notre Maison sur le territoire perwézien. Le CPAS propose également une aide financière au relogement via la prise en charge de la garantie locative, d’une participation au loyer ou encore de frais d’installation. Il agit aussi comme médiateur en cas de conflit entre locataire et propriétaire et dispose de logements d’urgence afin de pallier des situations exceptionnelles. Enfin, le CPAS collabore avec des partenaires externes tels que Le Relais de Jodoigne, ASBL fondée en 2002 par le Lions Club de Jodoigne, qui met plusieurs logements temporaires à disposition de familles ou de personnes sans logement, le temps de stabiliser leur situation. Une collaboration existe également avec le Relais social du Brabant wallon, ainsi qu’avec l’ASBL « Au Blanc Bwès ». Enfin, afin de renforcer l’ancrage local des jeunes en leur permettant de s’installer et de s’investir durablement sur le territoire communal, la Commune a créé des logements Tremplin destinés aux jeunes domiciliés à Perwez, y ayant été domiciliés pendant au moins 5 ans ou y ayant leur lieu de travail.

Baptiste Antoine, conseiller provincial, conseiller CPAS de Perwez et président de l’APIBW a présenté les grandes lignes de la Déclaration de politique provinciale 2024-2030. En matière de logement, les principaux enjeux sont de répondre à l’évolution des besoins dans un contexte de pression foncière et d’évolution démographique et de soutenir l’accès au logement pour les jeunes ménages, les nouveaux travailleurs et les autres actifs du territoire.

Des pistes de solutions émanant du terrain

Adrien Louis, coordinateur de la Fédération wallonne des coopératives immobilères à finalité sociale (FEBICOOP), a évoqué l’idée de créer une coopérative citoyenne et sociale en Brabant wallon, afin de développer des modèles de propriétés au service des besoins collectifs. À l’appui de son propos, il a présenté quelques mécanismes et initiatives inspirantes mis en place par des coopératives.

Amandine Poncin du Réseau wallon de lutte contre la Pauvreté a fait le point sur les éléments saillants du droit au logement en soulignant que la crise endémique du logement est un mélange de mal-logement, de logements trop chers, et de non-logement. Soulignons que certains préfèrent parler de « sans chez soirisme » que de « sans-abrisme » afin de ne pas se limiter uniquement aux personnes vivant dans l’espace public. Dans son dernier dénombrement, en Belgique, la Fondation Roi Baudouin estime à près de 50 000 personnes exclues du marché du logement et concernées par l’absence de chez soi.

Enfin, Michael Horevoets a présenté la coopérative Shifti et son projet d’offrir un réel droit à l’accessibilité pour toutes et tous grâce à un véhicule « intermédiaire belge, éthique et partagé ».

Une marche pour explorer les « vides » de Perwez

Dans l’après-midi, une partie du public a emboité le pas à une Marche du vide organisée par Vincent Wattiez du RBDL et Anabelle Duaut de Laïcité BW pour interroger de manière concrète l’usage de l’espace, les politiques publiques et les possibles à inventer pour habiter autrement. Quelques habitant·es de Perwez ont pu expliquer les raisons du vide de certains bâtiments. Pour Vincent Wattiez, « une marche du vide est toujours plus intressante quand des personnes connaissant bien les lieux y prennent part  » .

Fiche territoire

Fiche population

Fiche logement